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"Thnot", le palmier à sucre

En langue khmère, "Thnot" désigne le palmier à sucre, également connu sous le nom latin "Borassus Flabellifer". Cette espèce originaire d'Inde résiste bien à la chaleur, à la sécheresse et à l'humidité, faisant du thnot un arbre parfaitement adapté au climat cambodgien, marqué par une saison sèche et une mousson qui inonde une partie des terres.

Haut de 10 à 30 mètres, cet arbre au tronc longiligne est couronné par un bouquet de 25 à 40 feuilles. Il est souvent cultivé en Asie du Sud-Est, notamment pour la production de sucre, mais pas seulement. Cet arbre est ainsi exploité de multiples manières par les Cambodgiens, de la construction des maisons à la fabrication de nombreux produits artisanaux. Comme le krama, cet arbre est  un symbole du Cambodge, de sa culture et son artisanat.

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"Thnot", le palmier à sucre emblématique du Cambodge


Arbre emblématique du Cambodge


D’après les évaluations scientifiques, le Cambodge compte environ 2.500.000 palmiers à sucre, particulièrement répandus dans les province de Kandal, Kampong Chhnang, Kampong Speu, Kampong Cham, Takeo, Kampot, Pursat, Prey Véng et Svay Rieng. Cet arbre est un véritable emblême du Cambodge, intimement lié à son histoire, ses paysages. Selon la légende, le roi ordonna que chaque citoyen doive planter un palmier pour faire partie du peuple khmer. Ce palmier est aujourd'hui encore considéré comme le symbole de l'âme khmère. Avec son haut tronc et ses grandes feuilles en bouquet, la silhouette du palmier à sucre s'élevant au milieu des rizières est typique des paysages cambodgiens.

"Le "thnôt" n’est pas indigène. Il est vraisemblablement originaire de l’inde méridionale où il est très exploité. Cette forte exploitation ne se limite pas à l’Inde, ni au Cambodge mais concerne tous les pays d’Asie du sud-est. Mais le Cambodge a un trait particulier: nous plantons les "doeum thnôt" à la rizière. Ce qui donne une beauté très particulière aux "srè" khmers par rapport aux autres nations."
Commentaire de NeakReach sur le forum de Khmer Network

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Palmiers à sucre dans la province de Kampong Chhnang

Culture et récolte


Le palmier à sucre joue également un rôle économique important dans le monde rural. Plus d'un million sont exploités par les cultivateurs khmers, qui le plantent par semis autour des maisons, des villages ou le long des chemins et des diguettes. L'exploitation des palmiers représente pour les paysans une source de revenus complémentaire à la culture du riz, au même titre que le tissage des kramas. La récolte commence en novembre dès l’apparition des premières inflorescences et se termine en mai; cette période de six mois coïncide avec la saison sèche, période de repos dans les régions de rizière, une fois les moissons terminées.

La sève ou jus de palme est obtenue par incision des fleurs; ce sont surtout les fleurs des arbres femelles qui donnent le jus. Un palmier adulte produit environ 400 litres de sève, soit environ 60 kg de sucre. Il faut grimper deux fois par jour jusqu'au panache de chaque arbre exploité pour récolter le jus qui s’écoule dans les récipients préalablement installés, des tubes de bambou creux appelés "ampong". Le jus est plus abondant la nuit et la récolte du matin est meilleure que la récolte du soir.

Pour grimper à l'arbre, on place sur le tronc un bambou dont les branches latérales coupées forment une échelle. Récolter la sève du palmier à sucre est un métier difficile et dangereux qui demande beaucoup d'expérience. Peu d'hommes en sont capables et les paysans évitent ainsi de monter au thnôt, sauf s'ils ne peuvent pas faire autrement Des spécialistes viennent des grandes régions productrices pour la récolte, mais certains jeunes hommes des familles pauvres n'ayant pas de rizières à cultiver exercent aussi ce métier.
 
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Récolte de la sève du palmier à sucre


"Tout y est utile, sauf le bruit du vent dans les palmes."


Le thnot est à l'origine de différents produits alimentaires traditionnels. Consommé frais, le jus de palme constitue une boisson très nourrissante. Il peut aussi être transformé par cuisson en sucre de palme, que l’on retrouvera dans les pâtisseries, les desserts lactés… Mis à fermenter, il produit du vin de palme ou, après distillation, de l’alcool. Ses fruits sont consommés de diverses manières. 

Outre l'alimentation, cet arbre est également exploité à de nombreuses autres fins. Des racines, utilisées dans la préparation de remèdes médicinaux, jusqu'aux feuilles, toutes les parties du palmier à sucre sont utilisées. Son tronc fournit des solives et des poutres pour la construction des maisons; évidé, il sert de pirogue. Ses feuilles sont utilisées pour couvrir les toits et les murs des habitations, mais aussi pour fabriquer des objets usuels, notamment par tressage: nattes, chapeaux, éventails ou ces boites typiquement cambodgiennes appelées "smock".

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Mur d'une maison traditionnelle en feuille de palme

"Un paysan qui a besoin d’une ficelle, soit pour attacher ses bêtes, soit pour sa charrue, peut en trouver dans le palmier, sur place, sans aller loin. Leurs feuilles servent à faire le toit d’une cabane, lieu de pause entre deux labours. Les plus prévoyants tressent leurs ficelles pendant leur pause au pied de l’arbre. En écrasant les pédoncules (ou queue) des feuilles du palmier, on y extrait de fins fils souples mais solides avec lesquels les paysans font des ficelles ou des cordons. Voilà pourquoi il plante le palmier à la rizière."
Commentaire de Seun Nmott sur le forum de Khmer Network

Quelques produits à base de feuille de palme


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Eventail en feuille de palme

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"Smock" en feuille de palme

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Feuille de palme