En 968, à la mort de Rajendravarman II, débute le règne de Jayavarman V qui établit une nouvelle capitale, Jayendranagari. Le nouveau roi y fait construire son temple d'État, le Ta Keo, à l'ouest du grand Baray oriental. Une chaussée pavée relie le temple à un débarcadère sur les rives du Baray. Cet imposant temple-montagne ne sera jamais achevé, du fait de la mort de Jayavarman V en 1001. Les énormes blocs de grès qui le constituent sont ainsi dépourvus de bas-reliefs, lui donnant un aspect brut et un caractère particulier. Les travaux ont été interrompus après le dégauchissage des blocs, qui constitue la seconde opération après leur montage, et seules quelques pierres ont été sculptées. Après son accession au trône en 1010, le roi Suryavarman I fera don du temple à son ministre.
Vue générale du Ta Keo |
Ta Keo, premier temple-montagne de grès
Commencé vers 985 et consacré autour de l’an 1000, le Ta Keo, dédié à Shiva, est le premier temple-montagne entièrement édifié en grès, sur des soubassements en latérite. Il prend la forme d'une pyramide à trois étages, haute de 21 m, symbolisant le mont Meru, la résidence des dieux. Les deux premiers niveaux forment des cours rectangulaires, tandis que le dernier, qui se subdivise en trois gradins, constitue le socle des cinq tours sanctuaires. L'ensemble est ceinturé de douves, qui symbolisent les océans entourant le mont Meru dans l'architecture du temple-montagne khmer.
Plan du Ta Keo |
Son enceinte extérieure prend la forme d'un premier gradin de 122 m par 106, entouré d'un mur ponctué de gopura aux quatre points cardinaux. Le second niveau, également doté de quatre gopura, est entouré d’une galerie continue, au lieu d'un mur précédemment. Cette innovation architecturale sera dès lors reproduite dans tous les temples khmers. Quatre escaliers très raides permettent de gravir les trois derniers niveaux. Au pied de l'escalier est se trouve une statue d'un "nandi", le taureau sacré monture de Shiva, comme au Preah Kô par exemple, où trois "nandin" font face aux portes des sanctuaires.
Escalier du Ta Keo |
Au sommet, cinq tours sanctuaires se dressent sur une terrasse carrée de 45 m de côté. Conformément à la tradition, la tour centrale est surélevée, culminant à près de 50 m, alors que les quatre tours situées aux angles du carré sont plus basses. Les sanctuaires ont quatre portes, alors qu'ils n'en comptaient généralement qu'une seule dans les monuments antérieurs, généralement à l'est, et de fausses portes dans les autres directions.
Dégagé de la jungle entre 1920 et 1922 par Henri Marchal, le Ta Keo souffre aujourd'hui d'une érosion accélérée, du fait notamment de la disparition de la végétation tropicale qui le protégeait contre le soleil et la pluie.