Au Cambodge, les artisans teignaient traditionnellement
leurs fils de soie et de coton à partir de colorants naturels. Malheureusement,
cette précieuse tradition menace de s'éteindre dans certaines zones où les
artisans ont aujourd'hui davantage tendance à utiliser les colorants chimiques pour teindre les textiles.
Notre partenaire Khmer artisanry tente de faire revivre et de sauvegarder cette tradition. Cet
article présente les techniques spécifiques que ces artisans utilisent pour
produire leurs couleurs à partir de matières naturelles, sans produits chimiques. Tous les éléments nécessaires à ces techniques de teinture naturelle sont
disponibles dans le pays. La démarche de Khmer artisanry a été récompensée d'un "Good design award" en 2014.
Les teintures naturelles rouges
Les arbres utilisés pour produire une couleur rouge sont le "trang", une espèce locale de ficus, le "sangke" (Combretam quadrangulare Kurz), le "kakoh" (Sindora Siamensis Teijsmex), le "chankiri" (Albizia Saman). Ces colorants naturels sont mis à bouillir puis les textiles sont trempés dans ces bains. Par exemple, la soie doit être "battue" dans un bain bouillant pendant dix minutes. Les teinturiers doivent battre la soie au moins huit fois pour permettre à chaque fil d'absorber la couleur. Pour obtenir une couleur précise, les teintures peuvent être additionnées par des bains successifs. Par exemple, pour le rouge, la couleur obtenue après le premier bain est un rouge clair, qui deviendra intense après un bain dans un colorant jaune.
Les teintures naturelles jaunes
L'arbre appelé "prahout" (Gareinia Vilersiana Pierre) est la principale matière première nécessaire pour produire le jaune. Cet arbre peut être trouvé dans les hautes terres du Cambodge. Son écorce est découpée en petits morceaux et laissée en décoction pendant une demi-heure. On laisse ensuite décanter le liquide jaune avant de le mélanger avec de l'alum en poudre.
Ecorce de prahout hachée |
Bleu indigo
Pour la couleur bleue, on utilise traditionnellement le "trom" (Indigofera tinetoria), dont les feuilles sont pilées pour en extraire un liquide vert, ou trempées durant deux nuits. Mais la couleur obtenue ainsi s'estomperait trop rapidement. On lui ajoute donc de la pierre calcaire et du sucre de palme pour obtenir un liquide appelé "dhleah" qui peut alors être utilisé pour teindre la soie ou le coton.
Indigofera tinetoria |
Les teintures naturelles noires
Pour la couleur noire, les arbres "toek Ampil" et "chatra" sont utilisés. Deux kilogrammes d'écorces de chaque arbre sont portés à ébullition pendant deux heures. On ne conserve que le liquide obtenu qui doit d'abord refroidir.