Au Cambodge, le tissage constitue une tradition artisanale très répandue et historiquement très ancienne. On en relève déjà des traces à l'époque du grand Empire khmer, comme en attestent certains bas-reliefs des temples montrant des personnages vêtus de pièces
de textile finement travaillées. Le centre traditionnel du
tissage de la soie est la province de Takéo, où l'on trouve encore souvent de nos jours des métiers à tisser à l'abri des maisons sur pilotis dans les villages. L'île de Koh Dach sur le Mekong, communément appelée l'île de la soie, constitue un autre centre important à proximité de Phnom Penh.
Au Cambodge, la soie est un héritage culturel qui se transmet de génération en génération et elle est encore fabriquée à la main selon les méthodes traditionnelles, même si certains produits utilisés aujourd'hui sont différents d'autrefois. La renaissance de la soie cambodgienne, qui était internationalement réputée pour sa qualité avant les années de guerre et le génocide, est aujourd’hui un important enjeu économique: cette production à haute valeur ajoutée pourrait permettre de créer des emplois et d’augmenter les revenus dans le monde rural. Le japonais Kikuo Morimoto a ainsi crée en 1996 l’Institute for Khmer Traditional Textiles, avec pour objectifs de relancer la production locale de textiles traditionnels et de faire revivre la soierie traditionnelle khmère.
Métier à tisser traditionnel khmer |
La soie et le bombyx du mûrier
La soie est une fibre textile d'origine animale, sécrètée par différents arthropodes,
notamment les chenilles de certains papillons. Le ver à soie Tussah, originaire de la région du fleuve Amour au sud en Chine, est utilisé pour produire la soie sauvage. La soie de culture est quant à elle produite à partir du cocon de la chenille du bombyx du mûrier, une forme domestiquée du bombyx mandarina originaire du nord
de la Chine.
La chenille du bombyx, le ver à soie, sécrète une bave qui, en durcissant, se
transforme en un fil unique de soie brute, d’une longueur de 300 à 1500 mètres, avec lequel
elle fabrique son cocon.
Cocon de la chenille du bombyx du murier |
Origines historiques
Même si des découvertes récentes dans la vallée de l'Indus indiquent que la soie y était connue dès 2800 avant JC, ses origines historiques restent indissociables de la Chine. Les écrits de Confucius racontent qu'au 27e siècle avant JC, un cocon serait tombé dans la tasse de thé de l’impératrice Leizu. En tentant de l’en extraire, la jeune fille aurait commencé à dérouler un seul fil, très long et solide. Le cocon provenait d’une chenille de Bombyx mandarina et elle en fit ramasser les chenilles pour les élever. Des cocons obtenus, elle réussit à défaire les fils, puis à les tisser.
Jusqu’au cinquième siècle, le secret de fabrication de la soie resta confiné aux seules cours des dynasties royales, toute tentative de le divulguer étant passible de condamnation à mort. L’Empire de Chine conservera ainsi durant trois millénaires l’exclusivité de la fabrication de la soie, pour mieux en faire et en contrôler le commerce. Puis, la sériciculture se propagea, d’abord en Inde à partir du cinquième siècle, avant de gagner la plupart des pays d’Asie et le Cambodge.
Principales routes de la soie entre 500 av JC et 500 ap JC |
La sériciculture
Le terme de sériciculture, au sens strict du terme, se limite aux techniques de production des cocons par une chenille. Dans un sens plus large, il inclut les opérations d’étouffage, de dévidage du cocon, et de filature de la soie. De même, la culture du mûrier fait partie intégrante de la sériciculture, le ver à soie se nourrissant de ses feuilles. L’espèce la plus utilisée, Morus alba, est originaire de Chine mais on compte plusieurs centaines de variétés adaptées aux différentes régions de production.
Au Cambodge, la culture de mûrier était très florissante sous l'Empire khmer, avant de décliner progressivement après sa chute. A partir de 1963, sous l'impulsion des réformes économiques menées par Sihanouk, elle se développe à nouveau mais disparaît ensuite avec les Khmers rouges et la longue période de guerre civile. Deux variétés de mûrier, le mûrier "bay" résistant à la sécheresse et le mûrier "bêk" résistant à l'inondation, étaient cultivées pour l'alimentation des vers à soie, l'une sur les terres des berges et l'autre sur les hautes terres au nord-est du pays
La préparation des cocons
La femelle du Bombyx pond de 300 à 500 œufs et meurt peu après. Ces oeufs mesurent quatre millimètres mais après cinq semaines passées à manger, les vers à soie atteindront dix centimètres. Les vers sont élevés sur des claies où sont réparties les feuilles de mûriers, leur seule nourriture. Ils sont nourris durant 36 jours environ.
Les chenilles grimpent ensuite sur des supports et
commencent à filer le
cocon à l’intérieur duquel elles se transformeront en chrysalides. Environ neuf jours après leur fabrication, les cocons sont enlevés de leur support. En temps
normal, le papillon sort du cocon en rompant le fil, ce qu’on prévient par
l’étouffage: la chrysalide est tuée et déshydratée par la chaleur dans des étuves
de 70 à 80°C, sans abîmer le cocon.
Chaque cocon n'est fait que d'un seul fil, constitué par deux brins de fibroïne enveloppés de grès, une matière qui en séchant colle les deux brins en un fil, et les fils entre eux pour former le cocon. La solubilité du grès dans l'eau chaude permet de tirer le fil et de dévider le cocon. Pour en trouver l'extrémité, on plonge les cocons dans l’eau bouillante et on les remue constamment avec un petit balai qui accroche les premiers fils de dévidage. Un fil étant trop fin, on en réunit plusieurs qui se soudent entre eux en refroidissant lors du dévidage. Les fils sont d’abord enroulés sur des dévidoirs, la soie est alors dite soie grège, puis sur des écheveaux.
D'un point de vue technique, le tissage désigne un procédé de production textile où deux ensembles distincts de fils sont entrelacés à angle droit pour former un tissu. Les fils verticaux, dans le sens de la longueur, sont appelés fils de chaîne et les fils horizontaux, dans le sens de la largeur, fils de trame.
Le fil de trame est enroulé sur une canette placée dans une navette qui permet de le faire passer entre les fils de chaîne en actionnant les différentes lames grâce aux pédales. Chaque lame correspond à une couche de fils, qui une fois levés, créent une ouverture permettant le passage de la navette. Le battant vient tasser le fil de trame entre chaque coup, le tissu ainsi formé s’enroulant progressivement sur l’ensouple. Avant le tissage à proprement parler, il est d’abord nécessaire de préparer le métier à tisser.
La filature de la soie
Chaque cocon n'est fait que d'un seul fil, constitué par deux brins de fibroïne enveloppés de grès, une matière qui en séchant colle les deux brins en un fil, et les fils entre eux pour former le cocon. La solubilité du grès dans l'eau chaude permet de tirer le fil et de dévider le cocon. Pour en trouver l'extrémité, on plonge les cocons dans l’eau bouillante et on les remue constamment avec un petit balai qui accroche les premiers fils de dévidage. Un fil étant trop fin, on en réunit plusieurs qui se soudent entre eux en refroidissant lors du dévidage. Les fils sont d’abord enroulés sur des dévidoirs, la soie est alors dite soie grège, puis sur des écheveaux.
Le tissage de la soie
D'un point de vue technique, le tissage désigne un procédé de production textile où deux ensembles distincts de fils sont entrelacés à angle droit pour former un tissu. Les fils verticaux, dans le sens de la longueur, sont appelés fils de chaîne et les fils horizontaux, dans le sens de la largeur, fils de trame.
Le fil de trame est enroulé sur une canette placée dans une navette qui permet de le faire passer entre les fils de chaîne en actionnant les différentes lames grâce aux pédales. Chaque lame correspond à une couche de fils, qui une fois levés, créent une ouverture permettant le passage de la navette. Le battant vient tasser le fil de trame entre chaque coup, le tissu ainsi formé s’enroulant progressivement sur l’ensouple. Avant le tissage à proprement parler, il est d’abord nécessaire de préparer le métier à tisser.
Métier à tisser |
La préparation du métier à tisser
Le bobinage
La
première étape consiste à dérouler la soie des écheveaux sur des bobines.
L’ourdissage
L’ourdissage
Cette seconde opération, qui définira la largeur
du tissu, consiste à dévider les bobines sur l'ensouple,
où les fils de chaîne sont enroulés sous une même tension, de manière parallèle
et selon un ordre précis.
L’empeignage
L’empeignage
La
troisième étape consiste à faire passer les fils de chaîne dans les dents du
peigne, dont l’espacement déterminera la densité des fils de chaîne.
L’enfilage
L’enfilage
Les
fils de chaîne sont ensuite séparés par des lisses de coton disposées sur
différentes lames, elles mêmes reliées aux pédales du métier à tisser. Cette
dernière étape définit le type de tissage.