Au milieu du 19ème, le monde occidental et la France découvrent Angkor. L'histoire de cette découverte commence par des récits de voyageurs. Dès 1850, le père Bouillevaux se rend à Angkor, dont il est souvent considéré comme le premier "touriste". En 1858, son "Voyage dans l’Indochine" devient le premier écrit publié en Europe sur Angkor. La même année, l'explorateur et naturaliste Henri Mouhot embarque à Londres pour explorer le cours inférieur du Mékong. En janvier 1860, il découvre à son tour les temples Angkor, dix ans après le père Bouillevaux. Son récit publié par La revue Le Tour du Monde contribue à populariser Angkor dans le monde occidental.
A cette même époque, une invention récente, la photographie, se développe et les premiers photographes ne tarderont pas à se rendre à leur tour à Angkor pour en ramener cette fois-ci des images qui fascineront tout autant l'occident.
A cette même époque, une invention récente, la photographie, se développe et les premiers photographes ne tarderont pas à se rendre à leur tour à Angkor pour en ramener cette fois-ci des images qui fascineront tout autant l'occident.
John Thomson (1866)
Photographe, géographe et voyageur écossais, John Thomson est considéré comme un pionnier du photojournalisme et le tout premier photographe d'Angkor. En 1862, il quitte l’Angleterre pour rejoindre son frère William à Singapour, où il ouvre un studio de photographie. La lecture du Journal de Voyage d’Henri Mouhot sur la découverte de l’ancienne ville d’Angkor lui donne envie de se rendre au Cambodge.
En 1865, il entame ainsi un voyage qui le conduit d'abord à Bangkok où il séjournera quelques mois, le temps d'obtenir l’autorisation du roi de Siam d’aller photographier Angkor, qui était alors sur des terres revendiquées par le Siam. Equipé d'un encombrant matériel, il arrive à Angkor en janvier 1866, devenant le premier photographe à réaliser des clichés du site. Il photographie Angkor Vat, mais aussi Angkor Thom et le Bayon. Il rentre en Angleterre à la fin de l'année où il publie The Antiquities of Cambodia, un album regroupant ses clichés qui feront le tour du monde.
Le temple du Bayon
Photographie de John Thomson, 1866
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Emile Gsell (1866 et 1873)
Fils d'imprimeur sur toile, Emile Gsell s'initie à la photographie lors de son service militaire en Cochinchine où il est remarqué pour la qualité de ses photographies par Doudart de Lagrée, responsable de la Commission d'exploration du Mekong. En 1866, Doudart de Lagrée le fait travailler à l'exploration photographique du temple d'Angkor lors de l'expédition qui part de Saïgon en juin 1866. Une escale d'un mois a lieu à Phnom Penh, avant d'atteindre Angkor, où l'expédition séjourne quelques semaines durant lesquelles le jeune photographe réalise à son tour des clichés d'Angkor Vat et du Bayon, quelques mois seulement après Thomson.
Revenu à Saigon, il ouvre un atelier photographique ainsi qu'une boutique où il vend les tirages de ses photographies d’Angkor, remportant un franc succès. En 1873, il revient à Angkor une seconde fois avec Louis Delaporte et réalise une nouvelle série de photographies des temples. Son travail sera récompensé de la médaille du Mérite lors de l'exposition universelle de 1873 à Vienne, où il expose deux albums, l'un consacré aux temples khmers et l'autre aux populations annamites et cambodgiennes.
Revenu à Saigon, il ouvre un atelier photographique ainsi qu'une boutique où il vend les tirages de ses photographies d’Angkor, remportant un franc succès. En 1873, il revient à Angkor une seconde fois avec Louis Delaporte et réalise une nouvelle série de photographies des temples. Son travail sera récompensé de la médaille du Mérite lors de l'exposition universelle de 1873 à Vienne, où il expose deux albums, l'un consacré aux temples khmers et l'autre aux populations annamites et cambodgiennes.
René Têtart (1919-1926)
En 1916, René Tetart est engagé par le gouverneur général de l’Indochine Albert Sarraut qui le charge d’une mission de “prises de vues photographiques et cinématographiques relatives aux ressources économiques, à l’ethnographie des populations et aux questions se rattachant à la meilleure connaissances du pays et de ses ressources”. Après deux années passée en Annam (1917-1919), il parcourt le Cambodge, la Cochinchine, le Laos, le Tonkin et les provinces chinoises sous protectorat français. Il semble avoir joui d’une grande liberté dans le choix de ses reportages mais les temples d'Angkor, dont il prend de nombreux clichés entre 1919 et 1926, plus de cinquante ans après John Thomson et Emile Gsell, furent pour lui un sujet de prédilection.
Angkor Vat
Photographie de René Tetart
©ANOM sous réserve des droits réservés aux auteurs et ayants droit |
Le temple du Bayon
Photographie de René Tetart
©ANOM sous réserve des droits réservés aux auteurs et ayants droit |
Les autochromes de Léon Busy (1921)
Diplômé de l’École polytechnique, Léon Busy choisit la carrière militaire et entre dans les troupes coloniales en 1895. En 1898, il est nommé lieutenant d’intendance à Hanoi. Il se passionne pour la photographie et devient membre en 1913 de la Société française de photographie. Il est récompensé pour ses plaques autochromes dès 1914; cette même année, il propose à Jean Brunhes de se mettre au service des « Archives de la Planète », en prenant des vues lors de ses séjours en Indochine. Sa proposition est acceptée et il fournit plus de 1700 plaques, datées de 1914-1917 pour le Tonkin et de février-mars 1921 pour le Cambodge, qui seront notamment projetées à la Société de géographie. Son travail témoigne d'un regard de photographe à la fois intellectuel et intime, ainsi que d'une grande maîtrise technique du procédé, Léon Busy se passionnant également pour les problèmes techniques et inventant en 1921 un appareil capable de déterminer le temps de pose nécessaire à l'obtention d'une bonne autochromie.
Douve et enceinte extérieure du temple d'Angkor Autochrome de Leon Busy, 1921 |
Danseuses royales à Angkor Vat Autochrome de Leon Busy, 1921 |