Expert dans l’art japonais du yuzen, qui désigne la teinture de la soie pour les kimonos, Kikuo Morimoto crée en 1996 au Cambodge l'organisation non gouvernementale IKTT, l’Institute for Khmer Traditional Textiles. L'institut s'installe d'abord à Phnom Penh puis déménage à Siem Reap, où Morimoto crée un véritable "laboratoire villageois". Il y développe le projet "Sagesse de la forêt", visant à relancer la production locale de textiles traditionnels et faire revivre la soierie traditionnelle khmère, mises à mal durant la seconde moitié du 20e siècle par la guerre mais aussi par l’arrivée de nouvelles techniques et de tissus synthétiques bon marché.
Suite au régime des Khmers rouges, le tissage de la soie était devenu tellement rare au Cambodge dans les années 90 que Kikuo Morimoto a dû parcourir le pays pour trouver et recruter des «grand-mères tisserandes» maîtrisant toujours la technique et ayant encore la force de la transmettre, comme les mères cambodgiennes avaient transmis leur savoir-faire à leurs filles siècle après siècle.
Il fut un temps, affirme Kikuo Morimoto, où la production de soieries était un fleuron de la culture khmère, à l’instar du kimono au Japon. Cependant, à cause de la disparition quasi totale des techniques traditionnelles et de la vente massive de trésors dignes de musées pendant la guerre, les jeunes générations ne connaissent pas cet élément important de leur patrimoine culturel.
Les enjeux de ce projet exemplaire ne sont pas seulement culturels, mais aussi écologiques et économiques, s'inscrivant pleinement dans une logique de développement durable. Son ampleur et ses ambitions dépassent la seule formation de nouveaux tisserands: il englobe tout le processus de fabrication de la soie. Outre des ateliers de soierie, il comprend ainsi une forêt protégée où sont cultivés les arbres et les plantes nécessaires à la production de la soie. Les conflits qui ont dévasté le Cambodge ont été fatals aux cultures de mûriers qui nourrissaient les vers à soie, laissés à l'abandon puis abattus pour servir de bois à brûler. De même, l’indigotier et d’autres espèces de plantes utilisées pour les teintures avaient quasiment disparu.
L'IKTT à Siem Reap |
Sauvegarde de la tradition khmère du tissage de la soie
Suite au régime des Khmers rouges, le tissage de la soie était devenu tellement rare au Cambodge dans les années 90 que Kikuo Morimoto a dû parcourir le pays pour trouver et recruter des «grand-mères tisserandes» maîtrisant toujours la technique et ayant encore la force de la transmettre, comme les mères cambodgiennes avaient transmis leur savoir-faire à leurs filles siècle après siècle.
Il fut un temps, affirme Kikuo Morimoto, où la production de soieries était un fleuron de la culture khmère, à l’instar du kimono au Japon. Cependant, à cause de la disparition quasi totale des techniques traditionnelles et de la vente massive de trésors dignes de musées pendant la guerre, les jeunes générations ne connaissent pas cet élément important de leur patrimoine culturel.
Cultures protégées de l'IKTT à Siem Reap |
Ecologie et économie
Les enjeux de ce projet exemplaire ne sont pas seulement culturels, mais aussi écologiques et économiques, s'inscrivant pleinement dans une logique de développement durable. Son ampleur et ses ambitions dépassent la seule formation de nouveaux tisserands: il englobe tout le processus de fabrication de la soie. Outre des ateliers de soierie, il comprend ainsi une forêt protégée où sont cultivés les arbres et les plantes nécessaires à la production de la soie. Les conflits qui ont dévasté le Cambodge ont été fatals aux cultures de mûriers qui nourrissaient les vers à soie, laissés à l'abandon puis abattus pour servir de bois à brûler. De même, l’indigotier et d’autres espèces de plantes utilisées pour les teintures avaient quasiment disparu.
Kikuo Morimoto s’efforce de mettre en pratique sa vision d’une harmonie entre la nature et l'homme. « Il est crucial pour l’homme d’apprendre à vivre en harmonie avec la nature, explique-t-il. C’est à la fois une nécessité économique universelle et un désir spirituel commun.» Les soies ainsi fabriquées sont 100% naturelles, ce qui les rend plus agréables à porter et bénéficie également aux tisserands et aux villages. Kikuo Morimoto rappelle que le Cambodge avait une économie rurale viable. « C’est la guerre qui a détruit cela, mais une modernisation trop rapide et irréfléchie peut, à terme, avoir le même résultat.»
Soucieux de l'avenir, Kikuo Morimoto souhaite que son exemple inspire les jeunes, au Japon comme au Cambodge. « J’espère que les jeunes Japonais réaliseront à quel point il est important de conserver les traditions. Ce faisant, ils contribueront à protéger l’environnement et l’équilibre fragile entre l’homme et la nature.»
Découvrez aussi le projet "Khmer Artisanry" pour sauvegarder les techniques de teinture naturelle dans la fabrication du "krama Baseth".
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