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Fêtes traditionnelles khmères

Le nouvel an khmer


Le nouvel an khmer, Chaul Chnam Thmey, qui signifie "entrer dans la nouvelle année", est la plus grande fête traditionnelle au Cambodge. Sa célébration remonte à la période du grand empire khmer. Depuis cette époque, le premier jour de chaque nouvelle année se situe aux alentours de la mi-avril, La date précise du nouvel an est calculée chaque année par les Haura, sortes de devins astrologues, selon le "Moha Sangkran", l'horoscope antique khmer. Les festivités durent trois jours. 

Durant cette période, la tradition veut que l’on verse de l’eau ou du plâtre sur les passants dans les rues, tandis que les Cambodgiens multiplient les offrandes, dans leur maison, mais aussi dans les pagodes. Depuis une trentaine d'années, fidèles à une habitude en passe de devenir une tradition, les Cambodgiens profitent des jours de congés du nouvel an pour se rendre en pèlerinage à Angkor. Dans certaines provinces, le nouvel an est précédé et prolongé de jeux populaires pendant un mois avant et presque un mois après l'événement.

La fête des morts


"Pchum ben" est une fête traditionnelle cambodgienne qui se déroule quinze jours après le premier jour de la lune décroissante du mois de septembre. A cette occasion, les Cambodgiens bénéficient de trois jours fériés pour se réunir en famille et commémorer les esprits des défunts en leur faisant des offrandes. L’origine du mot "Pchum Ben", serait une contraction des termes "Prachum" (« se réunir ») et "Benda" (« faire des offrandes »). On en trouve les premières traces historiques dans des inscriptions de la fin du 9e siècle montrant qu'on offrait des boules de riz ("Baï Ben") aux âmes délaissées.

Les cérémonies duraient autrefois trois mois, mais aujourd’hui, elles se limitent aux deux semaines durant lesquelles les âmes errantes sont libérées du monde des esprits. Selon la croyance, certaines âmes, du fait d'un mauvais karma, ne se réincarnent pas, restant prisonnières du monde des esprits. Cependant, tous les ans, Yama, Dieu des enfers, les libère durant quinze jours, afin qu’elles puissent rejoindre leur famille, méditer et se repentir de leurs fautes.

Pchum Ben est le quinzième et dernier jour de ces cérémonies, marqué par de larges rassemblements pour des festivités dans les pagodes bouddhistes. En offrant à manger et un meilleur karma aux âmes bloquées dans le monde des esprits, les vivants les ramènent dans le chemin de la réincarnation et accumulent ainsi pour eux-mêmes des mérites pour un meilleur karma. 


La fête de l'eau


Célébrée dans toute l’Asie du sud-est, la fête de l'eau, "Bom Om Teuk" au Cambodge, est l’une des grandes fêtes traditionnelles du pays. Dans le passé, les Khmers l’appelaient également la "fête des joutes des pirogues" ou encore "fête des feux flottants". Très populaire, cette fête a lieu fin octobre, début novembre, selon la pleine lune, donnant lieu à trois jours de festivités, fériés pour les Cambodgiens. Dans la culture khmère, la fête de l'eau marque l'inversion du courant de la rivière Tonle Sap, un phénomène hydrologique unique au monde du à la mousson: durant la saison des pluies, le Mekong en crue ne parvient plus à se déverser en totalité dans la mer et une partie de ses eaux se déverse alors dans la rivière Tonle Sap, dont le cours s'inverse une première fois pour remonter vers le lac Tonle Sap et inonder de nombreuses terres.

A la fin de la saison des pluies, lorsque la pleine lune de fin octobre ou début novembre arrive, les Cambodgiens fêtent donc traditionnellement l'inversion du cours d'eau du Tonle Sap, quand le lac et la rivière se déversent à nouveau dans le Mekong, vers l'océan. Les préparatifs débutent longtemps à l'avance par la préparation des pirogues, à l’abri dans les enclos des pagodes, qui sont minutieusement inspectées et rénovées avant d'être remises à l’eau, sous l’œil attentif des habitants. Elles sont ornées de motifs multicolores, se terminant parfois d'une tête de serpent sculptée, le naga sacré. Les plus grandes peuvent mesurer près de 40 mètres de long et embarquer de 70 à 80 rameurs, dont les efforts sont rythmés par des musiciens à l’aide de gongs et de tambourins.

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Course de pirogue durant la fête de l'eau, photographie de René Têtart entre 1919 et 1926

Dans les semaines précédent la fête de Phnom Penh, des courses sont organisées dans toutes les villes situées près d'un cours d'eau, pour que les plus beaux bateaux puissent ensuite être acheminés dans la capitale. A Phnom Penh, les courses durent trois jours et rassemblent plus de quatre cent pirogues venues de tout le pays. Chaque après-midi, face au palais royal, les pirogues s'affrontent deux par deux, sous les yeux du roi et d'une foule enthousiaste massée le long du quai Sisowath. Le dernier soir donne lieu à un feu d'artifice et une procession d'embarcations illuminées. Les Cambodgiens déposent également de petites bougies sur la rivière, en hommage à la lune, et font un vœu. La fête dure toute la nuit.

En 2010, la fête a été endeuillée par une bousculade géante survenue sur le pont de Koh Pich reliant Phnom-Penh à "Diamond Island", une petite île sur le Mekong. Des centaines de personnes se sont retrouvées prises au piège d'un gigantesque mouvement de foule. Cette panique collective serait née de la rumeur que le pont allait s'écrouler. Ce drame fera au total plus de 300 victimes. Puis les trois éditions suivantes furent annulées pour différents motifs. En 2011, la fête de l’eau  est annulée suite aux inondations catastrophiques qui ont touché le pays, tuant 247 personnes, détruisant les récoltes et de nombreuses infrastructures. Ensuite, en 2012, la fête a été annulée en raison du deuil du roi Norodom Sihanouk. Enfin, en 2013, de nouvelles inondations dévastatrices frappent le Cambodge, faisant une centaine de victimes, et entraînant à nouveau l'annulation des festivités. L'édition 2014 est donc la première depuis trois ans.