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Le Cambodge avant Angkor

Au 9e siècle, le jeune prince Jayavarman II devint roi des Khmers et fonda ce qui allait devenir l’un des plus puissants empires d'Asie du Sud-Est. Avant cela, l'histoire du Cambodge avait été celle de petits états indépendants, devenant parfois de plus grands empires, mais jamais durant de longues périodes. La préhistoire du Cambodge demeure quant à elle méconnue. Le pays semble avoir été occupé à l'origine par des peuplades de type australoïde puis, durant le néolithique, par des peuples de type indonésien, venus du nord, et enfin par les tribus mōn.

Les ethnies mōn qui occupaient la plaine du Mékong inférieur subirent ensuite, dès le 1er siècle, l'influence de la culture indienne. Avec le développement du commerce, marins, marchands, nobles et brahmanes venus d'Inde apportèrent à une société mōn déjà structurée, des techniques et une langue dotée d'une écriture, le sanskrit. L'inde s'assura une importante influence politique et économique dans le royaume mōn, comme dans toute la région. Les rois mōn adoptèrent la conception hindouiste du dieu-roi, leur palais symbolisant la montagne cosmique, le Mérou. Ainsi, les croyances religieuses des Khmers. l'iconographie, l'art et l'architecture, s'enracinent dans la culture indienne.

Le néolithique


Les outils de pierre les plus anciens trouvés au Cambodge remontent au néolithique récent, vers -2500, quand les Austronésiens, venant du sud de la Chine, repoussent les populations australoïdes vers les îles. L'agriculture commence avec la technique des brûlis avant d'évoluer vers les champs irrigués, tandis que la domestication des buffles et des boeufs se développe progressivement.

La région d'Angkor, berceau de l'empire khmer, est habitée depuis l'époque néolithique, comme en attestent les outils en pierre et les céramiques qu'on y a trouvés, ainsi que l'identification de sites d'habitation circulaires. Cette occupation humaine très ancienne peut s'expliquer par la situation géographique privilégiée de cette région bordant le lac du Tonle Sap, qui lui apporte eau, poissons et terres fertiles.

Le Founan (1er-6e siècles)


Dans les premiers siècles de l'ère chrétienne, les rapports des Chinois, qui commençaient à faire du commerce en Asie du Sud-Est, décrivent de petites villes-états, entourées de douves, fortifiées, souvent en conflit les unes avec les autres. Les Chinois appelaient le principal royaume avec lequel ils commerçaient "Funan". Ce royaume était stratégiquement essentiel car il contrôlait les routes maritimes autour du delta du Mékong et du golfe de Thaïlande. Etape sur la route maritime reliant l'Inde à la Chine, le Funan s'enrichit grâce à l'essor du commerce international. 

Au troisième siècle, ce royaume puissant soumet les bassins du Ménam et de l'Irrawaddy, ainsi que le nord de la péninsule malaise, avant de s'affaiblir progressivement. Economiquement d'abord: le commerce maritime entre l'Inde et la Chine évolue avec les progrès techniques de navires désormais capables d'étapes beaucoup plus longues ignorant le Funan. Politiquement ensuite: le pouvoir est aussi affaibli par des dissensions au sein de la famille royale et des révoltes. Vyadhapura, une des capitales successives du Funan, se situe à Angkor Borei, non loin du Phnom Da, célèbre pour ses grottes, sa tour en laterite et l'Asram Maha Rosei, édifice executé en pierre. 


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Harihara, Phnom Da, 7e siècle, grès.

Chenla


Dans le même temps, le Tchen La, un état vassal peuplé par les Kambuja qui s'étend sur le plateau de Korat au nord est de l'actuelle Thaïlande, ne cesse au contraire de gagner en puissance. Les annales chinoises commencent à mentionner ce royaume au VIe siècle, notamment le roi Bhavavarman Ier, qui étendit son pouvoir jusqu'à l'actuelle Battambang.

Une guerre avec le Funan éclate vers 550. Elle sera longue et ne se terminera que vers 630. Durant cette période, Bhavavarman Ier, puis son frère qui lui succéda sous le nom de Mahendravarman et enfin le fils de ce dernier, Içânavarman Ier, qui monta à son tour sur le trône en 615 environ, conquirent progressivement la partie khmère du Funan, tandis que d'autres peuples s'emparaient du reste de cet empire. Içânavarman Ier fit ériger le temple de Sambor Prei Kuk, caractéristique du premier style d'architecture pré-angkorienne. 

Puis le Tchen La décline à son tour. En 628, Bhavavarman II, fils d’Içânavarman, monte sur le trône. Sous son règne, l'empire se morcela à nouveau en de petits États; ce n'est qu'en 654 que Jayavarman Ier, un arrière-petit-fils d'Içânavarman Ier, prince d'un de ces États, parvint à réunifier l'empire. Mais à sa mort, l'empire éclata définitivement. Il se divisa d'abord en deux parties au huitième siècle, le "Tchen-La de terre", situé sur le moyen Mékong, et le "Tchen-La d'eau" correspondant à peu près au Cambodge actuel, avant de se fragmenter en cinq parties. Cette faiblesse attire la convoitise des rois javanais qui envahissent ces territoires.